Muse et compagne de Pablo Picasso, Françoise Gillot s’est éteinte à l’âge de 101 ans dans un hôpital à Manhattan le 6 juin dernier des suites de maladies cardiaques et pulmonaires.
Françoise Gillot laisse derrière elle une carrière artistique remplie, ponctuée de rencontres inédites et d’une histoire d’amour rocambolesque avec le maître de l’art moderne qui a fait d’elle la femme « qui a dit non à Picasso ». Portrait d’une femme-artiste accomplie.
Françoise Gilot : peintre et artiste née
Compagne de Picasso de 1946 à 1953, Françoise Gilot est une peintre et écrivaine accomplie qui a fait sa carrière essentiellement aux Etats-Unis. Née à Neuilly-sur-Seine en 1921, elle est initiée à l’aquarelle par sa mère dès son plus jeune âge et dispose d’un atelier dédié à la peinture dans l’appartement de sa grand-mère.
Dotée d’un talent inné, Françoise Gilot se voit toutefois contrainte par son père de suivre une toute autre voie que l’art en suivant des études de droit. Déterminée à poursuivre sa passion pour la peinture, Françoise Gilot suit secrètement une formation artistique, un acharnement qui portera ses fruits car ses œuvres seront pour la première fois exposées dans une galerie parisienne.
C’est à cette époque qu’elle rencontre Picasso, venu spécialement pour admirer son exposition. Annonçant par la suite à son père son envie de devenir artiste, Françoise Gilot entame alors une toute nouvelle vie d’artiste et de muse.
De peintre à muse… De muse à femme libre
Peu après leur rencontre, Françoise Gilot-21 ans- et Picasso-61ans- s’installent ensemble, une union de laquelle naquirent deux enfants, Claude en 1947 et Paloma en 1949. La relation qu’entretiennent Françoise et Picasso influe grandement sur leur art respectif, Françoise ayant été la muse de Picasso et l’ayant notamment inspiré pour la fameuse « Femme fleur ». Néanmoins, tout n’est pas rose dans la vie du couple.
Selon Françoise Gilot, « intellectuellement, nous nous entendions bien, humainement, c’était un enfer. Il n’était pas méchant mais cruel, c’était un sadique-masochiste. (…) A la fin, ma jeunesse lui devenait insupportable, et moi, je changeais aussi ». Difficile, en effet, pour Picasso d’accepter la liberté et le succès artistique de sa femme qu’il surnommera alors « la femme qui dit non ». Tyrannique, jaloux et égoïste, Picasso continue d’ailleurs ses aventures, notamment avec Dora Maar.
Elle finira par le quitter en 1953, une décision qui enragea Picasso qui détruit alors ses œuvres et sa correspondance avec Matisse, allant jusqu’à faire rejeter Françoise Gilot par les peintres français. Ce portrait cruel de Picasso, elle le décrira d’ailleurs dans son livre à succès « Vivre avec Picasso », un Best-seller paru quelques années suivant leur rupture et qui sera traduit dans 16 langues. Rejeté en France de par les pressions de Picasso et de ses amis intellectuels, le livre viendra libérer à part entière Françoise Gilot qui a toujours vécu dans l’ombre de ce génie tyrannique qui coupera définitivement les ponts avec ses enfants Claude et Paloma suite à la parution du livre.
Une nouvelle vie et une nouvelle carrière aux Etats-Unis
Après sa rupture avec Picasso, Françoise Gilot s’exile aux Etats-Unis où elle donne un nouveau souffle à sa vie et à sa carrière. Elle épouse son ami d’enfance et peintre Luc Simon, avec qui elle aura une fille, puis refait sa vie avec le biologiste Jonas Salk, pionnier de la vaccination contre la poliomyélite. Après le décès de ce dernier, elle s’installe dans un quartier chic de Manhattan. Sa carrière aux Etats-Unis est ponctuée de succès et de reconnaissance, même tardive.
En effet, en 2021, ses tableaux Paloma à la guitare et Living Forest (1957) ont été respectivement vendus à 1,3 millions de dollars et à plus d’1 million de dollar aux enchères. Jusqu’à son décès, Françoise Gilot continuera de peindre des œuvres géométriques, teintées de couleurs vives telles que le rouge, et empreintes d’une touche abstraite et figurative.
