Les scientifiques ont lancé l’alerte dans les années 1990 quant à une hausse inévitable de la température moyenne des océans. Cet appel alors ignoré est aujourd’hui réalité car d’après le dernier rapport du Service européen Copernicus pour le changement climatique (C3S), la température des océans est en train d’augmenter dangereusement. Rappelons que les écosystèmes marins ainsi que la vie sur terre sont gravement menacés par cette hausse inéluctable liée au changement climatique.
« Les océans sont en feu »
C’est en ces termes qu’Alban Lazar, maître de conférences à la Sorbonne Université et chercheur au laboratoire Locean, a expliqué la hausse des températures relevées à la surface des océans durant ce premier semestre 2023. Selon lui, « à l’échelle du globe, on peut dire que l’océan est en feu quasiment partout. Mais ce n’est pas une nouveauté, c’est une tendance qui se confirme d’année en année et ce réchauffement des mers et océans avait bien été prédit par tous les modèles de prévision climatique ».
En effet, en Avril dernier, la température moyenne relevée à la surface des océans a atteint les 21.1°C. Il s’agit là d’un record jamais enregistré dans les 50 dernières années et une première depuis plus de 100.000 ans selon la NOAA, l’Agence américaine d’observation océanique. De plus, selon un rapport de Copernicus pour le changement climatique (C3S), les températures en mai « étaient d’environ 19,7 °C, soit 0,26 °C au-dessus de la moyenne 1991-2020 ».
Le réchauffement climatique et des phénomènes météorologiques en cause
Très impactés par le réchauffement climatique, les océans affichent des températures très élevées depuis le début de cette année. Cela reste une mauvaise nouvelle pour la planète étant donné que les océans constituent un de ses poumons en absorbant l’excédent de CO2 dans l’atmosphère. D’ailleurs, selon Angélique Mélét Dieudonné, océanographe pour Mercator Océan, « Ils [les océans] ont absorbé plus de 90% de l’excès de chaleur de la planète, qui est liée à nos émissions de gaz à effet de serre ».
Outre cela, le phénomène El Niño qui devrait réapparaitre cette année contribuera également au réchauffement des océans. D’ailleurs, ce phénomène « risque d’alimenter un nouveau pic des températures mondiales » selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM) de l’ONU.
Des risques à long terme pour le climat, la biodiversité et les écosystèmes marins
Outre l’augmentation du niveau de la mer dû à la dilatation de l’eau causée par la hausse des températures océaniques, cette situation augmentera également l’intensité des cyclones et des ouragans, ces derniers devenant ainsi plus dévastateurs. Le risque pour la biodiversité marine est également présent puisque l’augmentation de la température des océans impacterait la reproduction des tortues marines et menacerait ainsi leur espèce. Le blanchissement des coraux est aussi causé par cette augmentation de la température des océans.
A long terme, cette hausse des températures entraînerait alors la disparition progressive des écosystèmes marins et côtiers. Selon un rapport des Nations Unies, « de profonds changements ont été observés, notamment la détérioration des récifs coralliens et des mangroves qui concourent à la vie dans les océans, et la migration d’espèces vers des latitudes et des altitudes plus élevées, où l’eau est plus froide. ».
Toujours selon ce rapport de l’ONU, « un réchauffement de 1,5 °C menace de détruire 70 % à 90 % des récifs coralliens, et une hausse de 2 °C entraînerait la disparition de presque 100 % des récifs ». La situation est ainsi alarmante au plus haut point et si les choses ne changent pas, on risque d’atteindre sous peu le « point de non-retour. ».
